Structure "officielle" du réseau
"François - SHELBURN"

1 - Fiche de synthèse1

Note 1 : Document - établi sous une forme standard - de synthèse des réseaux au moment de leur liquidation après la fin de la guerre. Document dactylographié, retranscrit. (arch.P.Camp.)


CATEGORIE :EVASION

NOM DU CHEF DE RESEAU ou des chefs de réseau successifs (pseudo entre parenthèses)

CAMPINCHI Paul dit "FRANCOIS"

AVEC QUEL E.M. TRAVAILLAIT LE RESEAU ? (B.C.R.A. - I.S. - O.S.S. - etc ... )

I.S. 9 [M.I. 9]
(Brigadier général CROCKETT - Colonel J.LANGLEY - Major DARLING - NEAVES)

DATE DE CREATION DU RESEAU (cette date est celle où le réseau a commencé son activité en liaison avec l'E.M. Interallié) :

MARS 1943

MISSION DU RESEAU

Rechercher les équipages des Forces Aériennes Alliées abattus sur le continent ; en récupérer par ordre de préférence les spécialistes les plus rares encore en bon état physique et les faire passer en Grande Bretagne.

IMPLANTATION GEOGRAPHIQUE

Plus un assez grand nombre de petits organismes, de groupements et "d'isolés" qui, à l'occasion, étaient aidés et chez qui étaient récupérés les aviateurs hébergés2.

2 : Voir chapitre "Liquidation du réseau". Le terme de liquidation se rapportant à la clôture définitive des réseaux après la guerre, qui homologait les documents confirmant les états de service des résistants y ayant appartenu.

En dehors des équipes d'embarquement et de la Centrale, dont les services constituaient l'ossature du réseau, les secteurs n'étaient pas géographiques ; les chefs en résidaient dans la région parisienne et leurs groupes ou équipes, selon l'importance, étaient disséminés dans le pays.

MOYENS DE LIAISONS :(Schématiquement)

3 postes de radio émettant depuis Paris Corvettes3 de la flottille de DARTMOUTH, sous le commandement du DAVIS, faisant la liaison avec l'Anse Cochat (Plouha "Plan Bonaparte").

3 : Le terme de "corvette" doit être précisé, il s'agit plus précisément de navires armés MGB (Motor Gun Boat) très maniables équipés de moteurs puissants et silencieux, rattachés à la 115ème Flottille. Leur vitesse de pointe était de 35 noeuds et la traversée de la Manche se faisait en moins de 4 heures (pour 180 km) jusqu'au Port de Dartmouth, en Angleterre. Source : http://forcedlanding - Keith Janes.

Missions de liaison Oaktree et Shelburn
Passage de réserve par les Pyrénées.

N.B.
Les corvettes, qui ont quelquefois embarqué jusqu'à 26 hommes débarquaient courrier, matériel, [argent] et souvent des agents chargés de missions. L'échange de courrier était ainsi simplifié, sans qu'il soit nécessaire de micro-photos et le réseau, qui ne pouvait pas ne pas faire de renseignement, était en mesure d'expédier des documents originaux.
D'autre part, aux premiers jours du débarquement, liaison fut faite avec les S.A.S. à qui du matériel pu parvenir par corvettes.

2 - Description détaillée de la structure du réseau FRANÇOIS SHELBURN4

4 : Documents dactylographiés de l'époque post-guerre - liquidation des réseaux - retranscrits. (arch.P.Camp.)

EXPOSé

La totalité du territoire européen étant contrôlée par les armées de l'Axe, la guerre menée par les alliés fut longtemps aérienne.
Mais si la construction d'avions pouvait être progressivement et indéfiniment augmentée au delà des possibilités de destruction, il n'en était pas de même au point de vue du matériel humain.
Compte tenu de la masse des hommmes recrutés, instruits, employés, et du matériel usé (dans les deux sens du terme) on pouvait considérer qu'il fallait trois ans pour "fabriquer" un bon pilote, et qu'il représentait 25 mille livres. D'autre part, au bout d'un certain nombre de missions, on considérait que le dit pilote n'était plus en état de faire partie du personnel navigant.
Ces conceptions devaient mener l'Etat-major à tout tenter pour récupérer ce matériel précieux.
D'autre part des évasions continuelles prouvaient que les frontières de l'Europe continentale étaient perméables, malgré la garde impitoyable qu'y montaient les Allemands ; Israélites, jeunes gens avides de combattre, militaires évadés, parvenaient à franchir les Pyrénées par leurs propres moyens ou aidés par les organismes de résistance.
Le M.I. 9 section militaire de l'Intelligence Service, spécialisée dans la récupération des aviateurs en vint donc, de bénéficiaire qu'il était de ces efforts dispersés, à devenir organisation en aidant matériellement les hommes et les organismes déjà au travail ou provoquant la création de réseaux dépendant de lui seul.
Ce fut le cas des réseaux liquidés sous les noms de Pat O.Leary et François Shelburn. Tous les deux comportaient d'importants effectifs en Bretagne, mais le premier a uniquement utilisé la frontière franco-espagnole.
Un réseau d'évasion comprend 4 secteurs différents : le Dépistage, l'Hébergement, le Convoi et l'Evasion proprement dite, c'est à dire le saut de frontière. La plupart des réseaux d'évasion pratiquèrent les trois premiers modes d'activité mais l'évasion restait le fait de groupements locaux fixés sur la frontière et qui faisaient passer indifféremment tous ceux qui se présentaient à eux.
Seuls les deux réseaux déjà nommés eurent une activité totale se prolongeant au delà de la frontière : Pat O.Leary (continué par "Françoise" après l'arrestation de son chef), restant jusqu'au bout implanté en Espagne et François-Shelburn, prolongé par la Royal Navy, représentée par la flottille de Dartmouth.
Les nécessités de la liquidation militaire ont groupé sous un nom, souvent arbitrairement choisi, des organismes différents et des personnalités éparpillées mais qui avaient travaillé à la même cause, sous un même chef. Le titre François Shelburn comprend : les missions Oaktree, Shelburn, les sous-réseaux Alsace, Possum, les secteurs Vaudevire et Vanneau et les isolés.

HISTORIQUE

Au début de 1943, à la suite d'une évasion considérée comme particulièrement réussie5, le Colonel J.LANGLEY envoyait à CAMPINCHI (dit successivement : Natal - Jean Lephito - et François) la mission "Oaktree" composée de Val Williams et du radio Labrosse.

5 : Voir évasion de Réginald Smith au chapitre "Reconstitution chronologique"

Ils lui apportaient les moyens matériels de réaliser en grand la récupération et l'évasion des pilotes en bon état de reprendre la lutte en passant, si possible, par le Mur de l'Atlantique. C'était l'idée fixe de Campinchi que l'on avait jugée préférable au long trajet à travers la France, suivi d'une marche à pieds à travers les Pyrénées, et qui faisait récupérer des pilotes fourbus après des mois de voyage (séjour à Mérida, etc.)
(Voir à titre indicatif, citations de l'O.B.E.)
L'Organisme fut longuement et minutieusement mis sur pied, mais la Royal Navy, une fois alertée, jugea la saison trop avancée pour entamer des opérations de nuit et les pilotes furent passés par l'Espagne.
En juin 1943, Val William fut arrêté à Dax - D'autre part, les postes [de radio] étant devenus hors d'usage, le radio fut renvoyé par l'Espagne avec mission de ramener, si possible, les moyens matériels de continuer.
Entre temps, CAMPINCHI, ayant de juste échappé à la Gestapo, changeait de domicile et montait avec l'aide de la famille Vourc'h et de Broussine, chef du réseau Bourgogne, une filière par sardiniers de Camaret.
En novembre 1943, CAMPINCHI recevait la mission Shelburn, composée du radio LABROSSE, de retour, et de DUMAIS. Les liaisons directes étant rétablies, il fut possible de réussir l'opération martime à laquelle les Anglais donnèrent le nom de "Plan Bonaparte".

FONCTIONNEMENT

Les équipes de dépistage ayant signalé l'existence de membres des Forces aériennes dans une localité de France, Belgique ou Luxembourg, le Service de Sécurité allait procéder à leur interrogatoire et ramenait les photos nécessaires à l'établissement de pièces d'identité.
Des équipes de convoyeurs allaient ensuite les chercher et les ramenaient dans la région parisienne où ils étaient confiés au Service de l'Hébergement.
Le chef de ce Service qui disposait d'une centaine de logeurs, d'importants stocks de vivres et de vêtements, était seul responsable des aviateurs pendant tout le temps de leur hébergement.
Quand une opération maritime était décidée, le chef des convois désignait les équipes qui, chaque jour, devaient emmener jusqu'à une localité de Bretagne un certain nombre d'aviateurs (deux par convoyeur) de manière à ce que le contingent à embarquer soit complet la veille de la date prévue pour l'opération.
Les convoyeurs désignés pour ces missions ne pouvaient, en aucun cas, être ceux qui étaient chargés d'aller récupérer les aviateurs à proximité de leur point de chute. D'autre part ils ne pouvaient aller au delà de la ville étape bretonne, où les aviateurs étaient pris en charge par les convoyeurs de chef de la Bretagne Nord. Ceux-ci, à leur tour, remettaient les aviateurs dans les mains de l'équipe locale qui, à l'heure dite, devait participer à l'opération "Bonaparte c'est à dire à l'embar[quement] de nuit sur la corvette attendue.
A partir du moment où le dernier convoi était arrivé, les relations radios directes cessaient et le réseau était suspendu aux messages personnels de la B.B.C.6

Une certaine phrase indiquait que l'opération projetée aurait bien lieu la nuit même. Une autre qu'elle était remise de 24 heures, une troisième que l'opération était remise "sine die". Dans ce cas, les liaisons radio reprenaient.

6 : British Broadcasting Company : radio nationale anglaise.

ETAT du RESEAU à la LIBERATION

Equipes de dépistage dans le nord de la France, Belgique et Luxembourg

Equipes de Sécurité, chargée de l'identification des aviateurs et composée d'hommes ayant résidé en Angleterre et aux Etats Unis.

Laboratoire (Réparation et construction radio, travail de photos etc.) installé dans les locaux du Laboratoire de physique de la Faculté de médecine. Ce laboratoire était à ce point important qu'on y fit même des photos pour le réseau Mithridate.

Secteur hébergement dans la région parisienne, la Seine et Marne et l'Oise. Près de 400 aviateurs y étaient hébergés à la Libération.

Intendance - Stockage d'approvisionnement de toute sorte (vers le milieu de 1944 Londres envoyait directement les effets d'habillement).

Convois composés d'équipes prêtes à toute heure à aller chercher ou conduire des aviateurs.

OPERATIONS

Plan Bonaparte :déjà indiqué.

Plan Austerlitz : l'opération de remplacement par transbordement en mer à partir de la Bretagne-Sud, opération directement montée et prête à fonctionr à tout moment.

Une autre opération entre Monte-Carlo et le Cap Corse était également en état de fonctionner - Cette opération n'avait pas de nom (à ce sujet il est bon d'indiquer que les noms de Bonaparte et d'Austerlitz ont été choisis par l'Etat-Major Anglais et non par le chef de réseau).

Trois passages de secours par la frontière d'Espagne étaient également en état de fonctionner sous le contrôle du sous-réseau Vaudevire.

D'autre part, une section importante, s'occupant de Renseignement avait été constituée à Grenoble.

Pour terminer, indiquons que lors de la liquidation du titre F.F.C.7 toute cette organisation devant avoir un nom, sur la demande du chef de réseau on constitua une raison sociale en joignant au nom de la dernière mission de liaison "Shelburn" le dernier pseudonyme du chef de réseau : "François" - d'où : "François - Shelburn" qui groupe à la fois des organismes, des missions de liaison et des plans d'opération.

7 : Forces Française Combattantes


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